La justice française recourt à l’incarcération pour les délits et les crimes de façon massive. La privation de liberté a pour objectif principal de punir et de protéger la société du danger que les criminels et auteurs de délit représentent, en les neutralisant. Elle est également un outil de dissuasion et de réinsertion inscrite dans la loi.

Le nombre de détenus a presque doublé en France en 30 ans passant de 46 515 en 1989 à 70 059 en 2019. L’âge moyen derrière les barreaux est passé de 30 à 34 ans.

C’est parmi les détenus de plus de 60 ans que la croissance a été la plus forte, faisant passer la population de 449 en 1990 à 2626 en 2018.

On explique cette explosion notamment par le vieillissement de la population générale, l’allongement de la durée des peines, et surtout la judiciarisation des abus sexuels avec l’allongement des délais de prescriptions pour les crimes et délits sexuels.

Au danger de la récidive (qui diminue avec l’âge), s’oppose celui de la victimisation. Celle-ci touche plus particulièrement les « nouveaux entrants âgés ». Ils sont souvent isolés et soumis à une grande précarité. Leurs statuts de supposés délinquants sexuels en font des cibles particulièrement vulnérables.

On observe chez les patients âgés fragiles une accélération de la sénescence en détention.

La sédentarité, la pauvreté des interactions sociales et environnementales, la promiscuité, sont souvent le point de départ de la dégradation de l’état de santé général.

La prise en charge sanitaire des détenus âgés est confrontée aux difficultés dues à multiplicité des intervenants avant l’accès aux soins.

L’architecture des prisons est dans la plupart des cas inadaptée aux personnes en perte d’autonomie, ce qui majore leurs difficultés au quotidien.

Dans notre étude observationnelle, nous avons étudié les patients détenus de 70 ans et plus hospitalisés de 2016 à 2018 au sein de l’unité hospitalière sécurisée interrégionale de Lyon, en décrivant leur état de santé en fonction de leur type et de leur durée d’incarcération.